Ce soir, je suis mort.

Égorgé à l’âge de trois mois pour servir une tradition archaïque. Ils ont dit que je devais mourir "pour qu’on puisse célébrer la vie, la résurrection du Christ" ...

On m’a d’abord attrapé et jeté dans un camion avec virulence, alors j’ai crié après ma maman, mais mes appels à l’aide sont restés vains. Quand le camion s’est enfin arrêté, un humain m’a forcé à descendre et m’a jeté avec d’autres bébés dans un endroit où il faisait très froid. J’ai eu mal. J’avais tellement peur, et la chaleur de ma maman me manquait terriblement. Alors j’ai attendu sagement qu’elle vienne me chercher.

Après quelques heures, c’est finalement un monsieur à l’air très pressé qui est venu me chercher et qui m’a poussé dans un long couloir noir et froid.

J’ai à nouveau appelé ma maman, j’ai voulu reculer, j’ai tenté de faire marche arrière, j’ai même tété les doigts de mon bourreau... mais malheureusement, il était déjà trop tard. On m’a pendu par une patte, et la tête en bas, j’ai soudain ressenti une douleur lancinante. Le monsieur pressé venait de trancher ma petite gorge. La douleur immense a duré plusieurs minutes, je me suis vidé de mon sang puis je me suis éteint.



CONTREPENSEES... SUR L'AGNEAU DE PAQUES


Texte du journaliste et poète allemand Edgar Kupfer-Koberwitz (1906-1991), prisonnier de Dachau.


"Je refuse de manger des animaux parce que je ne peux pas me nourrir d'autres êtres vivants qui ont souffert et ont été tués. Je refuse de le faire parce que j'ai moi-même vécu tellement de douleur que je ressens la douleur des autres quand je me souviens de ma propre souffrance ; je me sens heureux parce que personne ne me persécute ; pourquoi devrais-je persécuter d'autres êtres vivants ou être la cause de leur persécution ? Je me sens libre parce que je ne suis pas prisonnier, pourquoi devrais-je être une raison d'emprisonner d'autres êtres vivants ?


Je me sens heureux parce que personne ne me fait de mal ; pourquoi devrais-je blesser d'autres êtres vivants ou être la raison de leur mal ? Je me sens heureux parce que personne ne me fait de mal, pourquoi devrais-je blesser ou tuer d'autres êtres vivants ou être la cause de leur mal ou tuer pour mon plaisir et mon confort ?


Ces êtres vivants sont plus petits et plus impuissants que moi, mais pouvez-vous imaginer une personne raisonnable avec des sentiments nobles qui utiliserait volontiers ce fait comme une raison pour revendiquer le droit d'utiliser sa faiblesse ou sa grandeur moindre ?


Ne pensez-vous pas qu'il est du devoir des plus grands, des plus forts, des plus puissants de protéger les plus faibles vivants, au lieu de persécuter, au lieu de tuer ?


Ne faites pas partie de cette extermination de masse insensée et sans âme. "




Proposé par la rédaction, pour le Tablier-info

en faveur de la cause animale



«6 heures ce matin, le monstre démarre, le ventre rempli d'agneaux innocents, des bébés qu'on vient d'arracher à leur mère, direction l'enfer de l'abattoir . . .

C est toujours le même rituel : le camion de la mort arrive en général vers minuit, se positionne pour le chargement et éteint ses feux pendant 4 heures . . .

Tel un prédateur aux aguets, il ne bouge pas, tapi dans l'ombre de la nuit, attendant patiemment l'heure où ses proies seront prêtes à sortir  . . .

À ce moment-là, j'imagine les petits dormant paisiblement collés à leur maman, bien loin d'imaginer qu'ils vivent là leur dernière nuit sur terre . . .

À 4 heures donc, les portes de l'immense hangar s'ouvrent. 300 brebis et presque autant d'agneaux se trouvent à l’intérieur, les lumières s'allument . . .

Combien d'agneaux sont chargés exactement, je ne saurais vous dire mais avec le vent de cette nuit qui soufflait dans notre direction, j'entendais sans discontinuer les cris d'angoisse des petits et des mamans. Et moi qui assiste, impuissante, à ce drame récurrent, pleurant toutes les larmes de mon corps et leur demandant un millier de fois pardon . . . Pourquoi l'homme crée-t-il tant de souffrances ?

Cela se passe à 2 collines de notre Sanctuaire.

L'éleveur fait de la marche sportive régulièrement sur notre chemin pour entretenir sa forme en prévision des estives qui commenceront au mois de juin . .

C'est décidé, la prochaine fois que je le vois, je lui lâche tout ! Haut et fort, je serai la voix de ces petits martyrs de toutes mes forces, de toute mon âme, de tout mon cœur . . . »



Texte et photo Stéphanie Noël (Sanctuaire La Garie)