

CANTIQUE DE LA PAIX
Ce cantique fait partie du document Planches, discours et cantiques, à l'Occasion de la Célébration de la fête de la Paix, qui a eu lieu au Grand Orient de France ... le 20 germinal an 9 (10 avril 1801), où il est annoncé comme Cantique composé par le Très Cher Frère Rizaucourt, Orateur de la Respectable Loge des Elèves de la Nature, mis en musique et chanté par le Très Cher Frère La Foret, artiste aussi distingué par ses rares talents, que par ses vertus maçonniques. Privé de la musique, on peut le chanter sur l'air : Quand Louis me dit, ma Louise.
Lorsque la paix ramène en France
Les ris, les plaisirs enchanteurs,
Charme pur, douce jouissance,
Volupté, régnez dans nos coeurs
Quand partout, avec allégresse,
Paix, on te chante à l'unisson,
Avec quel transport, quelle ivresse
Doit te chanter le Franc-Maçon. (bis)
Honneur à toi dont la vaillance
Sut nous procurer cette paix,
Accepte la reconnaissance
De tous les Francs-Maçons français ;
Bonaparte, ô puissant génie !
O héros, que nous chérissons !
Vis toujours pour notre patrie,
C'est là le voeu des Francs-Maçons. (bis)
Si notre éclatante lumière
Ne brilla jamais à tes yeux,
Tu n'en es pas moins notre frère,
La lumière te vient des cieux.
Que dans la Franc-Maçonnerie,
Héros, tu te comptes ou non,
Avec tes vertus, ton génie,
Tu peux passer pour Franc-Maçon. (bis).
Acceptes aussi notre hommage,
O guerrier justement vanté !
Moreau (*), la gloire de notre âge ;
Ce tribut est bien mérité.
Si, par tes talens, ta prudence
Tu nous retraças Xénophon ;
Nons l'aurions tous juré d'avance,
Te connaissant pour Franc-Maçon. (bis).
Fille du ciel ! ô paix chérie !
Source du bonheur des mortels ;
En ce jour, la Maçonnerie
Ici t'élève des autels.
Ah ! de la discorde cruelle
Eteins, à jamais, les brandons,
Divine paix ! sois éternelle ;
Voilà le cri des Francs-Maçons ! (bis).
En vain l'Angleterre obstinée
Veut seule opposer des refus :
Tems heureux ! beau siècle d'Astrée,
Vous allez nous être rendus.
Mais tu vas abjurer la guerre,
Car dans ton sein, fière Albion,
On sait qu'il est plus d'un bon frère,
Plus d'un excellent Franc-Maçon. (bis).
On n'entend plus l'airain qui tonne,
Il est arrivé ce beau jour ;
Où Minerve chasse Bellonne,
Où Mars nous quitte, sans retour.
Maintenant, sous tes doux auspices,
Paix, nous chargerons nos canons,
Ces armes servent de délices
Quand on en use en Francs-Maçons. (bis).
Par le Très Cher Frère Rizaucourt
On remarque que la gloire d'avoir, sur les champs de bataille, créé les conditions de cette paix, est ici équitablement partagée entre Bonaparte (couplet 2) et Moreau (couplet 4).
Le couplet 3 montre que, si Rizaucourt ne coupe pas (notre éclatante lumière ne brilla jamais à tes yeux) dans la légende qui fera de Bonaparte un maçon, il contribue à créer les conditions de son accréditation (Héros, avec tes vertus, ton génie, tu peux passer pour Franc-Maçon).
Le couplet 4 sera réutilisé le 23.11.1801 à la Parfaite Union de Montauban pour la 4e Santé en l'honneur de Moreau.
Par contre, en 1810, ce même couplet 4 glorifiant Moreau (alors exilé aux Etats-Unis) a évidemment disparu dans l'édition qui figure à la p. 17 du recueil de cantiques maçonniques dédiés à la Respectable loge des Amis réunis à l'Orient du 9e Régiment d'Infanterie légère à l'Orient de Longwy (1810) et qui est mentionnée par Sylvain Chimello dans son remarquable ouvrage La Fraternité en choeur (cette édition donne comme air du petit matelot ou de la pipe de tabac).
Source Références: mvmm.org
A l'époque, les tensions entre Bonaparte, dont les tendances autocratiques étaient déjà dénoncées par certains, et Moreau républicain intransigeant, étaient déjà bien réelles, et attisées par une certaine jalousie sur le plan de la gloire militaire (c'est la victoire de Hohenlinden remportée par Moreau le 2 décembre 1800 qui avait été décisive dans l'obtention de la paix).
Moreau, rival de Bonaparte dans les coeurs des Français, l'était sans doute encore plus dans les coeurs des maçons, puisqu'il était, lui, et de longue date, connu comme Frère (il avait été initié le 13 août 1789 dans la Loge de la Parfaite Union de Rennes).
Il n'est donc pas interdit de supposer que les différences de traitement entre les deux rivaux, que nous avons relevées dans les hommages maçonniques leur rendus à l'occasion des Fêtes de la Paix de 1801, constituent un symptôme de ces tensions.
Beaucoup plus habile que Moreau à manipuler l'opinion à son profit, et placé dans une position qui lui facilitait cet exercice, Bonaparte partait évidemment avec plusieurs longueurs d'avance dans ce duel ...
La voix des combattants
“Ils sont morts pour la France… et la France les enterre une deuxième fois.”
L’histoire ne s’apprend plus. Le devoir de mémoire s’efface dans un vacarme d’indifférence.
Pendant ce temps, des tombes sont rasées. Des noms disparaissent.
Des jeunes hommes morts à 19 ans pour une France libre… jetés comme des restes.
Mais ça ne commence pas avec des croix qu’on arrache.
Ça commence avec une société qui oublie.
Une jeunesse à qui on n’explique plus rien.
Des soldats d’hier oubliés, des soldats d’aujourd’hui épuisés.
Certains rentrent de mission, brisés de l’intérieur.
Syndromes post-traumatiques. Solitude. Isolement.
Ils ne dorment plus, ils ne parlent plus…
Et parfois, ils s’effacent doucement, eux aussi, dans le silence.
D’autres cherchent leur place dans une société qui ne comprend pas ce qu’ils ont vécu.
Des médailles dans un tiroir. Des douleurs qu’on nie.
Et une République qui ne répond plus.
Et puis, il y a ceux qu’on ne voit jamais.
Les familles. Les veuves. Les orphelins.
Ceux qui doivent avancer, seuls, avec une absence immense.
Eux aussi, on les oublie. Eux aussi, on les raye.
En détruisant nos tombes militaires, on ne touche pas qu’au passé.
On tue le lien.
On brise le fil entre les générations.
Et on creuse un vide, là où devrait battre un cœur collectif.
À Militaire, un Rêve, on ne peut pas accepter ça.
On ne peut pas honorer les blessés d’aujourd’hui si l’on oublie les morts d’hier.
On ne peut pas construire une paix si l’on ne respecte pas ceux qui ont donné leur vie pour elle.
On agit pour que la mémoire vive.
On agit pour que personne ne soit oublié.
On agit pour rassembler, éduquer, alerter...
Fais vivre ceux qu’on veut effacer.
Le devoir de mémoire n’est pas un choix.
C’est un devoir.
Et tant que nous respirons… nous continuerons de nous battre pour qu’il soit respecté.
À ceux qu’on a arrachés à la vie pour que nous puissions vivre
À ceux qu’on oublie alors qu’ils ont tout donné
À ceux qui, aujourd’hui encore, se battent — visibles ou invisibles
La mémoire est un combat. Ne laissons pas gagner l’oubli.
Texte de Yves-Marie Larivière, proposé la rédaction du Tablier-info
https://www.facebook.com/yvesmarie.lariviere/

