

Génération Z (Gen Z) et (ultra) fast fashion
C’est quoi la fast fashion ?
Malheureusement, il m’est impossible de vous la présenter en l’état. Les choses vont tellement vite dans ces domaines (je parle de mode, d’industrie asiatique, de marchés internationaux, de course à l’argent et d’inconscience écologique) que j’ai dû revoir ma copie et la noircir un peu plus. J’en suis la première catastrophée...
Jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, la mode est réservée globalement aux classes élevées. Vous allez me dire : « Oui, ma grand-mère, sur ses photos de jeunesse... ». Hé bien probablement que votre grand-mère était habile en couture, ou qu’elle connaissait une cousette pas trop chère... En tout cas, jusqu’à cette époque, la nouveauté n’est pas un besoin : chacun s’habille comme ses parents et grands-parents. Comme ses cousins ou ses cousines, dont les vêtements font le tour de la famille avant de finir en chiffon pour le ménage. En 1950, l’habillement représente un tiers du budget familial, contre 5 % en 2020. Ce tiers ne correspond pas à un nombre effroyable de vêtements, mais à leur prix de l’époque et aussi au montant des salaires.
Traditionnellement, l’industrie de la mode produisait deux collections par an : la collection estivale et la collection hivernale. Dans la haute-couture, la tradition se poursuit et les fashion weeks restent sur deux grandes saisons. Bon d’accord… Celles de printemps été se déroulent de janvier à mars, et celles d’automne hiver de juin à septembre. Ça nous fait plutôt du fashion trimestre que de la fashion week, tout ça...Mais, bon ! On ne va pas trop s’appesantir dans la mesure où la haute-couture française est un des seuls fleurons qui résistent au tsunami économique...
La fast fashion, qu’on peut traduire par mode éphémère ou mode express, est un segment de l'industrie vestimentaire qui se caractérise par le renouvellement très rapide des vêtements proposés à la vente, plusieurs fois par saison, plusieurs fois par mois.
Ce modèle commercial, illustré en 2025 par Shein, Zara, H&M, Temu, Primark constitue le peloton de tête du secteur textile mondial. Ces géants orchestrent une guerre de vitesse où chaque seconde compte, du croquis à la livraison. Kiabi, de son côté, consolide sa place de leader familial sur le marché européen, tandis que la concurrence se durcit à chaque lancement de collection.
Production extrêmement rapide de vêtements
Mais voilà. Désormais il existe …. l'ultra fast fashion : il s’agit d’une amplification de la fast fashion. Les marques Shein, Temu, toutes deux chinoises, en sont les leaders.
Elle se caractérise par une production extrêmement rapide de vêtements, souvent avec des nouveautés proposées... chaque jour !! On sait maintenant que les marques concernées confient à l’intelligence artificielle la création de leurs modèles. Les algorithmes proposent désormais un nombre infini de tenues, présentées sur les sites, les applications et surtout les réseaux sociaux.
Toujours plus, toujours plus vite et toujours moins cher, tel pourrait être le credo de l’ultra fast fashion. Mode de consommation qui s’est développé entre 2019 et 2021 grâce aux périodes de confinement, l’ultra fast fashion se caractérise par une prédominance des ventes en ligne ainsi que par des prix défiants toute concurrence. Le secteur est devenu un des moteurs de la mode et de l’e-commerce, en particulier auprès de la Gen Z que les entreprises ciblent agressivement sur Instagram et TikTok. Pleinement intégrée aux nouvelles habitudes de consommation de l’e-commerce, notamment à travers les smartphones, Shein est aujourd’hui la marque leader du marché.
Toutefois, derrière cette croissance stupéfiante se cachent des scandales humains et environnementaux qui ont provoqué en réaction une montée du militantisme en faveur d’une consommation plus responsable. Nous en reparlerons plus loin.
Quelques chiffres :
Le géant chinois de la fast fashion Shein propose 470 000 modèles différents, disponibles sur son site. Shein ajoute chaque jour 7 200 modèles en moyenne selon une enquête menée en mai 2023.
A l’heure actuelle, environ 100 milliards de vêtements sont consommés par an dans le monde. Leur production a doublé entre 2000 et 2014 ! En revanche, la durée de vie des produits a, elle, diminué d’un tiers.
En France, chaque habitant achète 9,5 kg de textiles et de chaussures par an en moyenne, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). 48 pièces neuves /personne/par an.
- 39 vêtements
- 4 paires de chaussures
- 5 pièces de linge de maison.
Cette consommation va au-delà des besoins et en plus elle est sous-estimée (INSEE)
Les Européens quant à eux jettent en moyenne 11 kg de matières textiles par an, selon la Commission européenne. Cela correspond à 4 millions de tonnes jetées au total dans l’UE : 80 % le sont dans la poubelle pour ordures ménagères et finissent par être enfouis ou incinérés. Un vêtement serait en moyenne porté 7 fois avant d’être jeté.
Venons-en maintenant à l’impact écologique de la surconsommation de textiles :
Petit rappel sur les aspects écologiques concernant la fabrication et la diffusion des vêtements sont nombreux et très lourds pour la planète :
· l’industrie textile est le troisième secteur le plus consommateur d’eau dans le monde. Elle utilise 4% de l’eau potable mondiale disponible
· l’impact environnemental de la culture du coton est alarmant. 200 000 tonnes de pesticides et 8 millions de tonnes de fertilisant sont utilisés par an pour sa culture. L’eau, en grande quantité, est également indispensable à la production du coton. Pour exemples : un tee-shirt se fabrique avec l'équivalent de 70 douches et pour un jean, on parle de 285 douches, ce qui représente de 7000 à 10 000 litres d'eau.
· on utilise beaucoup de substances chimiques au cours des étapes de production. Les eaux usées et non traitées sont rejetées directement dans les océans, puisque les pays producteurs n’ont pas de réglementations à ce sujet.
· quant au transport : Les vêtements parcourent de très nombreux kilomètres du champ de coton au magasin de vente. Ainsi, les 4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre générés par l’industrie textile sont égales à celles du trafic aérien et maritime mondiaux réunis.
Et quand les vêtements sont dans notre garde-robe il faut les entretenir.
Selon l’ADEME, la moitié des impacts sur l’environnement de nos vêtements synthétiques sont dus à leur entretien qui diffuse 240 000 tonnes de microparticules de plastiques (trop petites pour être filtrées dans les stations d’épuration) non-biodégradables et qui sont retrouvées dans l’océan chaque année.
Et quand nous n’en voulons plus, que deviennent nos vêtements ?
Ceux qui sont jetés dans les boîtes de collecte sont triés. Certains sont revendus dans des boutiques de seconde main, certains sont utilisés comme chiffons, d’autres transformés en isolant pour la construction. Une partie est incinérée. Le reste est revendu à des intermédiaires puis envoyé sur le continent africain.
Malheureusement, et depuis la naissance de la fast fashion, la moitié des vêtements sont inutilisables et n’ont aucune valeur marchande : leur qualité est trop médiocre, ils sont abîmés ou souillés et ne représentent finalement rien d’autre que des déchets textiles.
L’Afrique est devenue le dépotoir du textile usagé des pays du Nord. Une nouvelle forme honteuse du colonialisme.
100 000 tonnes de textiles quittent la France chaque année pour l’Afrique.
150 à 200 tonnes de déchets textiles sont brûlés chaque JOUR à Dandora au Kenya, pour permettre à 75 autres nouveaux camions de déverser leur cargaison fraîchement arrivée.
Les exportations européennes en Afrique ont explosé : on en est à 1,7 million de tonnes en 2019 vendues à un prix moyen de 0,57 euro par kilogramme. Des collines de fripes s’accumulent au bord des côtes africaines, près des ports, partant pour certaines à la dérive. Des troupeaux d’animaux viennent y brouter. Des troupeaux d’humains viennent y chercher un hypothétique trésor…
On pourrait évoquer les problèmes sociaux que les vêtements créent tout au long de leur existence : l’exploitation des ouvriers, des femmes en particulier, mais aussi des enfants. Mais c’est une autre thématique. Je m’en tiens à l’aspect environnemental.
Ou alors juste un petit exemple ? Ces textiles usagés sont préparés en ballots et sont transportés, en Afrique, du camion à l’étal du fripier, par les femmes, sur leur tête. Cette pratique a pour conséquence un nombre non négligeable de morts, dues au poids trop important qui brise net la nuque de ces pauvres femmes exploitées pour quelques centimes.
Que faire pour réduire cette affolante course à la démesure vestimentaire ?
Des lois ont été votées en France, puis à l’Europe.
→ LOI AGEC anti-gaspillage et économie circulaire juin 2020, qui propose des pistes intéressantes...mais pas toujours obligatoires
→ Loi anti-fast fashion a été adoptée en juin 2025, sous les vivats des écolos. C’était un grand pas qui aurait permis de limiter l’invasion par la fast fashion chinoise, puisque c’était Shein qui était surtout visé.
Mais que dire, mes chères sœurs de l’information du 15 septembre, selon laquelle Pimkie, fabriquant français s’associe à Shein ? Le deal : mise en vente sur le site Shein des produits Pimkie. Tollé de la profession. Inqualifiable ! Indigne ! Injustifiable ! Même Mulliez, ancien propriétaire de Pimkie intente un procès à la marque. Salli Alassi le proprio, s’en fout. Tout ce qu’il voit c’est qu’il va passer de 5 à 30 % de vente en ligne. Bonjour les valeurs sociétales…
Mais le bouleversement ne s’arrête pas là !
Il y a 5 ou 6 jours, une autre annonce provoque la bronca dans la sphère commerciale française !
Le BHV accueille Shein désormais dans les murs de 5 de ses magasins ! Bon d’accord, les produits chinois seront coincés au 6ème étage, mais nul doute que l’ascenseur va chauffer dans les mois à venir ! Pourvu qu’il ne prenne pas feu, n’est-ce pas ? On nous dit dans les journaux que depuis qu’ils ont été rachetés par le groupe SGM (société des Grands Magasins), les BHV sont en grande difficultés et ne payent plus les commerces implantés dans leurs murs. La SGM c’est un frère et une sœur, la famille Merlin, qui a racheté depuis 2015, 20 énormes galeries marchandes françaises. Cela nous laisse rêveur. Et nous renvoie illico « Au bonheur des dames » de Zola, qui avait causé la mort de toutes les boutiques du quartier parisien. Est-on arrivé au point de non-retour où le commerce en ligne fera mourir à leur tour les grands magasins ?
Revenons au BHV, que des marques françaises prônant une éthique ou des valeurs honorables quittent depuis cet accord avec Shein.
Je n’ose vous dire que les Galeries Lafayette ont trouvé l’idée du BHV excellente et ont ouvert aussi un partenariat avec Shein… L’attrait de l’argent et du profit n’a pas de limite et nous laisse pantelant.
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Et nous, mes sœurs, mes frères, que pouvons-nous faire à notre petit niveau ?
Je sais que vous êtes des femmes et des hommes raisonnables, qui utilisez longtemps vos vêtements, et les achetez de bonne marque. Ce message est peut-être alors à faire passer à vos enfants et petits-enfants, votre Gen Z familiale ! Mais nous pouvons toujours aussi donner l’exemple !
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Seconde main.
En choisissant de temps en temps la seconde main par exemple. La seconde main, c’est défendre une mode plus durable, responsable, à rebours de la « fast fashion » et de toutes ses conséquences.
Il existe des boutiques spécialisées dans la seconde main, de plus en plus... mais aussi des sites, comme Vinted que vous connaissez tous. Il y a aussi les brocantes (parfois permanentes comme par exemple, Bradecobox, fort sympathique !
La seconde main n’est pas le seul moyen de lutter contre l’hyperconsommation : reprisons, raccommodons, tricotons, réapprenons les gestes de nos mères. Agrandissons, rétrécissons… grâce à des couturières expertes. Transformons grâce à notre imagination, le site Pinterest nous aidera à trouver des idées.
En France, pour la 3ème année, existent les journées nationales de la réparation du 16 au 19 octobre avec 1400 événements dans tout le pays. Chez But ou Conforama, sont organisés des petits déjeuners de la réparation. Réparer est un acte politique et joyeux, peut-on lire sur le site !
Dans le même ordre d’idées, et dans la loi AGEC, citée plus haut, il y a une clause qui précise que certaines réparations peuvent être subventionnée par l’état. Le textile est également concerné. Je vais vous envoyer une série de liens pour vous informer en détail
Pour résumer, je dirai qu’il nous faut être inventifs et cesser de répondre aux sirènes de la mode. Il nous faut être raisonnable et responsable, montrer l’exemple. Toutes attitudes qui nous sont recommandées en Franc-Maçonnerie, et à propos de tous les sujets. Incluons l’éco-citoyenneté et soyons résolus à faire quelque chose pour notre chère Terre.
J’ai dit .
TLC = textile d’habillement, linge de maison, chaussures.
par une Soeur fidèle du Nord de la France, pour le Tablier-info

